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du 5 au 8 mai 2009 (semaine 19)
 

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2009-05-08 - Pèlerinage Terre Sainte
DANS UN CONTEXTE DIFFICILE


Présentant à la presse au Vatican le voyage de Benoît XVI, le 4 mai, le P. Federico Lombardi, directeur du Bureau de presse du Saint-Siège, a souligné le “contexte difficile“ de ce nouveau déplacement “dans trois pays“.

Il a évoqué à la fois “l’attaque“ israélienne récente dans la Bande de Gaza, les problèmes internes à l’Autorité palestinienne, les “tensions“ entre Israël et l’Iran, ou encore la nouvelle politique étrangère américaine en même temps que l’arrivée d’un nouveau gouvernement à Tel-Aviv.

Sur le plan politique, le Pape va devoir jongler au fil de ses nombreux discours avec les attentes des autorités israéliennes et palestiniennes, et se garder de serrer les "mauvaises" mains lors de ses différentes rencontres. Le Saint-Siège, confie une source chrétienne sur place, s’est en outre aperçu quelques semaines seulement avant le voyage que le 14 mai marquait à la fois l’anniversaire de la naissance de l’Etat d’Israël et, côté palestinien, la journée de la "Nakba" (la "catastrophe", en arabe).

Dans ce contexte, les propos du Pape à Nazareth, à Jérusalem et au camp des réfugiés d'Aida, les 14 et 15 mai, prendront une teneur toute particulière, même si le Saint-Siège s’efforce de présenter ce déplacement comme un “pèlerinage en Terre sainte“, visant à en atténuer la dimension politique.

Pour autant, le patriarche latin de Jérusalem, Mgr Fouad Twal, a reconnu lui-même qu’il était “impensable que ce pèlerinage n’ait pas de portée politique“. “Chaque journée, chaque geste, chaque rencontre et chaque visite, tout aura une connotation politique“, a récemment insisté le patriarche latin pour qui, dans la région, même “l’oxygène est politique“.

D'ailleurs, nombreux sont les chrétiens qui craignent d’être les derniers destinataires, dans les préoccupations politiques et médiatiques, de ce déplacement de Benoît XVI sur les lieux de naissance même du christianisme. Rassurant, à 6 jours de son arrivée dans la région, le Pape a affirmé souhaiter “confirmer et encourager les chrétiens de Terre sainte qui doivent affronter quotidiennement de nombreuses difficultés“.

“Je ne vous cache pas que je prie encore pour que le Pape annule son voyage“, confie une catholique vivant à Jérusalem. Aux yeux de cette fidèle pourtant engagée dans la préparation du voyage, ce déplacement de Benoît XVI est “piégé de toutes parts“.

De même, le vicaire patriarcal chargé des catholiques d’expression hébraïque relève que “de nombreux chrétiens de Terre sainte sont anxieux“ à la veille de ce voyage au cours duquel “les Israéliens tout comme les Palestiniens attendent des avantages politiques“. S’il juge que ce n’était peut-être pas le “meilleur moment“ pour accomplir un tel déplacement, le père David Neuhaus estime que cette visite “suscite également des espoirs et des rêves“ chez de nombreux catholiques. Pour le jésuite, enfin, Benoît XVI “peut jouer un rôle prophétique“ dans la région, “avec l’aide de l’Esprit-Saint, grande sagesse et grâce à une très attentive préparation“.

Autre point à observer : la durée et le nombre des rencontres et des dialogues avec le judaïsme et l'islam.

En Jordanie comme à Jérusalem, au coeur même de l'esplanade du Temple, le dialogue entre chrétiens et musulmans sera l'un des points les plus marquants du séjour de Benoît XVI. Il prononcera un discours très attendu à la mosquée d’Amman devant des responsables musulmans, les membres du corps diplomatique et, chose inhabituelle, les représentants du monde universitaire. Il foulera aussi le sol de deux mosquées : celle d’Amman, mais aussi le très symbolique Dôme du Rocher, sur l’Esplanade des Mosquées. Ce lieu de culte, le troisième lieu saint de l’islam après La Mecque et Médine, est interdit aux non musulmans depuis une dizaine d’années.

Une question demeure. Fallait-il attendre des temps meilleurs et la résolution de la question palestinienne pour organiser ce voyage de Benoît XVI ? Mgr Fouad Twal, patriarche latin de Jérusalem, a lui-même récemment répondu : “cette région n’est jamais en paix“, a-t-il confié, et “j’ai bien peur que deux ou trois souverains pontifes passent avant qu’elle soit ne définitivement réglée“. (source : Service de presse du Vatican)

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